Je veux d’abord faire part d’un regret. Face à la situation exceptionnelle que connait le pays il m’aurait semblé opportun de s’accorder sur une déclaration commune en conseil municipal comme je l’avais, tout le monde le sait, proposé. D’autres enjeux l’ont emporté encore une fois et je le regrette.
Je regrette que nous n’ayons pas été capable à Nanterre de faire ce que toute la gauche a su faire à l’assemblée Nationale en se mettant d’accord sur un texte.
La crise que nous connaissons est grave. Parti d’une fronde contre l’augmentation des taxes du carburant, le mouvement des gilets jaunes, loin de s’essouffler, s’est amplifié désormais rejoints par l’ensemble de la société, les agriculteurs, les lycéens, les étudiants, les ambulanciers, les transporteurs, les infirmiers, les retraités ainsi que tous les Français qui n'en peuvent plus des injustices que ce gouvernement a renoncé à combattre et qui les a même aggravées.
Bien évidement personne ne peut se dédouaner de la situation du pays, le malaise exprimé aujourd’hui n’a pas commencé il y a 18 mois. Mais depuis juin 2017 un certain nombre de décisions couplées à une posture inadaptée frisant la désinvolture a donné l’ampleur que nous connaissons aujourd’hui à ce mouvement.
Après la hausse de la CSG et la baisse des APL du début du mandat, ce ne sont pas moins de 4 milliards que le gouvernement comptait ponctionner aux français au titre des taxes supplémentaires sur le diesel.
Décidée au nom de la transition écologique, ces 4 milliards permettent en réalité de compenser le manque à gagner induit par le cadeau fiscal octroyé aux plus aisés en supprimant l’ISF.
Oui, cette crise s’est amplifiée depuis 18 mois, à coup d’injustices fiscales, à coup de dégradation du pouvoir d’achat et par une parole publique dévoyée.
Plus le temps passe plus cette politique fiscale qui favorise les plus aisés et qui étrangle les autres devient insupportable. A tel point qu’elle fragilise le consentement à l’impôt alors qu’il est le socle de notre modèle social et de notre République.
Ce consentement est d’autant plus difficile à concevoir quand les services publics se réduisent dans les campagnes et dans certaines banlieues : des classes d’écoles supprimées, des bureaux de Poste qui ferment l’accès au soin de plus en plus éloignées.
S’ajoute à cette situation une crise de confiance. La fracture s’est aggravée entre le président et les français.
Elle s’est exacerbée à cause de son arrogance lui qui invite les français à traverser la rue pour trouver un travail et qui exhortent les français mécontents à venir le chercher à l’Elysée.
Ce champ lexical a eu pour conséquence d’envenimer des relations tendues avec des français qui avaient déjà le sentiment de ne plus être compris et plus entendus.
Cette colère est légitime et partagée par un grand nombre d’entre nous.
Cependant, elle ne peut pas justifier les actes de violence et de dégradation qui ont émaillés et souillés cette mobilisation.
Il n’est pas non plus acceptable que cette colère soit récupérée par des extrémistes de tout bord.
Aujourd’hui, nous ne pouvons pas laisser notre pays s’enliser dans cette division et cette fracture sociale et territoriale.
Nous ne pouvons accepter que les corps intermédiaires et les élus locaux soient tenus éloignés des décisions alors que ces derniers sont souvent les seuls à rester audibles auprès des citoyens.
Nous ne pouvons pas accepter que les français aient à choisir entre la transition écologique et l’augmentation de leur pouvoir d’achat. Il faut à la fois la transition écologique et le progrès social.
Hier soir en 13 minutes le président n’a pas changer de CAP. Il n’a pas donné le coup de volant à gauche attendu. Tout en proclamant « l’état d’urgence sociale» il a apporté des réponses en demi-teinte et qui n’apaiseront pas le malaise profond que notre pays connaît.
Pendant que le président tentait de convaincre les français de l’importance des efforts financiers consentis le sénat, à la demande du gouvernement, faisait un cadeau aux exilés fiscaux en votant l’allégement de l’Exit tax.
Hasard de l’agenda ou confirmation que le président n’a pas pris la juste mesure du malaise qui met en péril notre système social et républicain.
Le président Macron a terminé son allocution en affirmant qu’après cette crise nous ne reprendrons pas le cours normal de nos vies. Nous partageons cette idée, aussi nous l’exhortons à changer de cap pour rebâtir pour notre pays un nouveau pacte social démocratique et écologique.
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